Comment se déroule une consultation d'Ostéopathie
Bien que chaque ostéopathe développe, surtout au fur et à mesure des années d'expériences et de pratique, une « patte » particulière et personnelle, on peut extraire de la pratique ostéopathique des « invariants » qui témoignent de la qualité de la prise en charge et de la compétence des praticiens.
N'oublions pas qu'un minimum bac+5 et 4860 heures de formation, sans compter la formation continue obligatoire amène l'ostéopathe à un haut niveau de compétence dans son seul domaine, l'ostéopathie !
Ainsi la première exigence est celle de l'anamnèse, c'est à dire un « interrogatoire » au sens de la collecte des données afférentes à la demande du patient : Quelle est la plainte ? Quels sont les symptômes, les troubles ? Depuis quand ? Dans quelles conditions ? Etc.
Ensuite il est nécessaire d'éclairer la problématique : pathologies, histoire, conditions de vie et de travail, environnement, habitudes, contexte psychologique, familial, etc.
Ne serait-ce que pour déterminer la prise en charge ou non (diagnostic d'exclusion) toutes ces étapes sont essentielles. L'étude de documents médicaux, notamment d'imagerie, est importante et parfois nécessaire.
Ensuite une phase de tests et de contrôles, notamment sur la mobilité, les éléments douloureux, la motilité (mobilité internes des structures non asservies) est nécessaire. Ces tests peuvent se faire debout, allongé, assis, mais représentent une partie préalable essentielle au traitement proprement dit. La palpation manuelle intervient dans ce contexte comme élément de prises de données à caractère diagnostique.
L'ostéopathe, muni de ces éléments, va proposer et mettre en œuvre une stratégie d'actes thérapeutiques cohérents issus de l'ensemble des « outils » que la discipline a développé en perpétuelle évolution depuis ses origines.
Outre les manipulations et mobilisations, le choix de « l 'entrée thérapeutique » relève du choix et des préférences du praticien. Ainsi que le traitement appliqué relève plus du « structurel » du « viscéral », du « crânien » voire du « fluidique », en majorité ou en exclusivité, n'a pas en soi de caractère essentiel, seul le résultat en définitive compte !
Il est nécessaire ensuite d'évaluer le résultat de l'action, afin de corriger éventuellement certains détails.
Enfin un dialogue récapitulatif avec le patient permet de valider la prise en charge et éventuellement établir la nécessité ou non d'une nouvelle consultation et à quelle échéance.
En tout état de cause, même si chaque praticien a son rythme et ses habitudes, on ne peut envisager un temps de consultation inférieur à 30 minutes, et elle peut durer jusqu'à une heure, voire plus dans des cas particuliers.
Mutuelle : remboursement et prise en charge
La prise en charge est partielle ou complète en fonction du contrat souscrit par l'assuré. Rapprochez vous de votre complémentaire santé pour obtenir des précisions sur le montant pris en charge et le nombre de séances couvertes annuellement.
Démographie française des professionnels
En France, les porteurs du titre d'ostéopathe sont un peu plus de 33 000 ; il y a environ 20 000 ostéopathes professionnels de la santé, soit environ 61%, exerçant de manière exclusive et pouvant agir en première intention. La plupart sont issus d'une formation initiale en 5 ans. Il y a d'autres professionnels de santé, par exemple les masseurs-kinésithérapeutes ostéopathes (32%) ou les médecins ostéopathes (5%), infirmiers ostéopathes (1,2%) ou encore podologues ostéopathes (0,3%).
L'augmentation annuelle du nombre de porteur de titre en 2019 était de l'ordre de 5%.
La densité fin 2019 était de 1 ostéopathe pour 2019 habitants. Elle était de 1 pour 3500 en 2016.
Aller plus loin : Démographie des porteurs du titre d'ostéopathe - Démographie des experts judiciaires ostéopathes - Analyse et perspectives - Décembre 2019
Principes de l'Ostéopathie
L'originalité de l'ostéopathie repose en particulier sur trois points :
L'ostéopathie s'appuie sur trois lois fondamentales :
Ses buts :
Tout à la fois art, science et technique, l'ostéopathie s'appuie sur un concept philosophique associé à une éducation palpatoire de ceux qui perçoivent tensions et déséquilibres grâce à l'intelligence d'un toucher spécifique : la main analyse et soigne. L'ostéopathie se réfère à l'anatomie et à la physiologie. Elle nécessite des connaissances approfondies du fonctionnement du corps humain, des inter-relations entre les systèmes.
Le geste thérapeutique ostéopathique reste toujours dans le champ physiologique. Pour cela, la conduite thérapeutique répond à des options :
L'ostéopathe, outre le traitement d'urgence, apporte une attention prioritaire à la prévention.
L'ostéopathe recherche au-delà du symptôme, les contextes coexistants aux troubles, sans a priori sur les liens corps/esprit. Il souligne les concomitances entre les manifestations physiques et les situations traumatisantes sur les plans affectifs et psychologiques. Le patient est ainsi replacé au centre de sa cohérence.
Le corps est une mécanique subtile.
Si les différentes structures se trouvent dans une inter-relation satisfaisante, les conditions de sa bonne santé sont pérennes.
Si la mobilité et la motilité des structures est perturbée, leur fonction l'est aussi. Les trois lois : équilibre, économie et non-douleur organisent alors les compensations, "les tricheries", que le corps établit pour pallier le dysfonctionnement de ses différentes parties.
Chaque partie du corps étant totalement interdépendante de l'ensemble des structures, il s'agit donc, pour l'Ostéopathe de traiter l'ensemble, permettre au corps de lever les "tricheries" mises en place et de redonner aux différentes structures leur mobilité initiale.
Prenons l'image de la musique, la hauteur des sons et l'accord des rythmes sont générateurs de santé, leurs dysharmonie de troubles.
L'ostéopathe est celui qui harmonise les rythmes physiologiques et les rapports structurels du patient
Aller plus loin : A.F.D.O., « OSTÉOPATHIE », Encyclopædia Universalis
L'Ostéopathie de ses origines à nos jours
De l'Egypte ancienne à Louis XV : les thérapies manuelles avant l'ostéopathie
Les premières références aux pratiques manuelles se retrouvent en Egypte sur une fresque de la tombe du pharaon Ramsès II où se trouve représentée une manœuvre de mobilisation ostéopathique du coude.
Au Moyen Age : le Concile de Latran en 1215 interdit la chirurgie et les méthodes manuelles aux clercs en les réservant aux laïcs.
Du Moyen âge à la renaissance : le traitement des membres et de la colonne vertébrale devinrent pour quatre siècles le domaine exclusif des barbiers chirurgiens.
Sous Louis XV : réhabilitation de la chirurgie tandis que la médecine manuelle dévalorisée restera entre les mains des rebouteux qui se transmettront empiriquement leur savoir.
Naissance de l'ostéopathie : Andrew Taylor Still (1828-1917)
Il y a plus d'un siècle, aux Etats-Unis, naissait un concept médical inédit qui devait alimenter pour longtemps une vive et parfois violente polémique entre les tenants d'une médecine classique symptomatique et ceux issus d'un courant novateur basé sur la physiologie stricte. Le fondateur de ce courant, Andrew Taylor Still, médecin chirurgien pendant la guerre de sécession, découvre par l'observation des bone-setters (rebouteux de l'époque) et par intuition personnelle, l'importance capitale de certaines notions fondamentales de physiologie, délaissées par le corps médical de son époque et qui, selon lui, déterminent l'état de santé, la résistance organique aux agressions et l'installation de maladies secondaires à des perturbations mécaniques qu'il qualifie de lésions ostéopathiques.
1892 : première école d'ostéopathie américaine
Still fonde la première école d'ostéopathie : l'American School of Osteopathy de Kirksville, créant un diplôme de médecine ostéopathique (D.O.), fondamentalement différent de celui de médecine classique (M.D.). L'ostéopathie repose sur les mêmes connaissances approfondies d'anatomie, de physiologie que la médecine classique, mais s'en distingue par sa conception qui consiste à soigner les causes et non les symptômes des troubles et maladies.
En 1917 un disciple de Still, J.-M. Littlejohn crée en Grande-Bretagne la première école d'ostéopathie d'Europe, la British School, à partir de laquelle cette méthode devait rayonner vers les autres pays européens (France, puis Belgique, Suisse, Italie, Espagne, Portugal).
Aux Etats-Unis les fondements scientifiques de l'ostéopathie sont étudiés en laboratoire.
1930 : les travaux de Louisa Burns
Les travaux de Louisa Burns sur un cobaye démontrent les relations entre les perturbations des relations anatomiques et la mécanique vertébrale dénommées "lésions ostéopathiques" qui entraînent l'installation de réactions inflammatoires au niveau des organes correspondant à l'étage vertébral siège de la lésion. La cartographie de ces correspondances est donnée dans les livres d'ostéopathie tel que "L'ostéopathie deux mains pour vous guérir".
A la même époque, aux Etats-Unis, un élève de Still, William Garner Sutherland découvre au niveau des os du crâne et de l'ensemble des enveloppes du corps (les fascias), un micro-mouvement ondulatoire de rythme différent des mouvements cardio-pulmonaires. Son enseignement devait faire considérablement évoluer les techniques d'ostéopathie de Still, en apportant aux praticiens ostéopathes une finesse d'analyse des micro-mouvements et une forme de traitement très appréciée des malades auxquels elle procure une sécurité d'emploi inégalée sans commune mesure avec les méthodes forcées.
1950 : La Société française d'ostéopathie
Un médecin Robert Lavezzari instruit par une ostéopathe américaine élève de Still, fonde la "Société française d'Ostéopathie". Elle regroupe des médecins ayant une pratique manipulative restreinte à la vertébrothérapie.
En 1965, un kinésithérapeute français, Paul Geny, crée avec un ostéopathe anglais, Thomas G. Dummer, l'École française d'Ostéopathie. Ses élèves sont à l'origine du développement du mouvement ostéopathique non médical en France. Les ostéopathes issus de cette filière seront regroupés au sein de l'A.F.D.O., "Association Française des Ostéopathes".
Dans les années 1970, l'ostéopathie se développe en France grâce aux avant-gardistes. Les pionniers ont pour la plupart été formés en Angleterre, aux Etats-Unis et en France par le Docteur de Sambucy, auteur de nombreux ouvrages aux Editions Dangles (épuisés), préconisant l'utilisation rationnelle de l'ostéopathie pour les soins vertébraux au sein de traitements globaux incluant les autres techniques et méthodes, de façon synergiques. Le "Livre du dos" (Dangles) en constitue la synthèse actualisée.
Dès 1975, l’ostéopathie avait enfin pignon sur rue, avec l’apposition des premières plaques professionnelles.
1982 : Création du DUMENAT à Bobigny
Création par le Professeur et doyen Pierre Cornillot, d'un enseignement en ostéopathie réservé aux médecins à la Faculté de médecine de Bobigny. L'enseignement est dispensé par des non médecins formés en Angleterre. Le mouvement professionnel reste longtemps divisé en associations et écoles, puis connaît une première tentative de regroupement à l'initiative de Fernand-Paul Berthenet et Michel Fischer par la création d'une Fédération des Ostéopathes de France (F.O.F.) devenue Union Fédérale des Ostéopathes de France (U.F.O.F.). Les premiers passages de certificats et diplômes en ostéopathie (C.O. et D.O.) sont organisés devant un jury international comprenant : Anglais, Américains, Néo-Zélandais et Français. Un premier registre est créé à l'initiative de Robert Perroneaud-Ferré : le R.O.F..
1984 : Premiers travaux économiques et reconnaissance
Lors des entretiens de Bobigny à Paris, le 11 mars 1984, le doyen de la Faculté de médecine Paris-Nord, Pierre Cornillot, posait les conditions préalables indispensables à un processus de reconnaissance :
"La protection du consommateur passe nécessairement par une action des pouvoirs publics, visant à réglementer l'exercice de ces professions (telle celle d'ostéopathe) et non de faire comme si elles n'existaient pas. Je crois que les pouvoirs publics pourraient accepter de prendre en considération les prises de position collectives qui porteraient sur un certain nombre de points :
1 - la garantie professionnelle en matière d'innocuité,
2 - la reproductibilité des techniques,
3 - les preuves d'efficacité.
1986 : Vers une ostéopathie européenne
Les divers courants du mouvement ostéopathique ont créé une dynamique et, après s'être opposés, se sont rejoints 7 ans plus tard au niveau du projet européen. Mis en place par le député européen, Paul Lannoye en 1993, ce projet tendait à évaluer et harmoniser les professions de santé non conventionnelles au niveau de l'ensemble des pays de l'Union européenne.
1991 : "La santé hors la loi, les hors la loi de la santé"
Première édition de l'ouvrage juridique "la santé hors la loi, les hors la loi de la santé" (Isabelle Robard) faisant l'état notamment, de façon très pointue de la jurisprudence en matière d'exercice illégal de la médecine concernant les ostéopathes. Cet ouvrage servira de référence pour le droit comparé notamment dans le cadre des travaux du député européen Paul Lannoye.
Le 29 mai 1997, à Bruxelles, en session plénière, le Parlement européen adopte le "rapport sur le statut des médecines non conventionnelles". A noter que pour la première fois, un terme spécifique officiel "Médecines non conventionnelles", est retenu par une institution officielle, en l'occurrence le Parlement européen.
Le 4 octobre 2001, l'assemblée Nationale adopte l'amendement 178 présenté par le député Bernard Charles, intégré à l'article 52 de la loi " Droit des malades ", amendement reconnaissant le titre d'ostéopathe et de chiropracteur.
Octobre 2001, suite au vote de l’article 52 bis du projet de loi Droits des malades devenu article 75, Fernand-Paul Berthenet fonde le S.N.O. (Syndicat National des Ostéopathes).
2002 : Le projet de loi est adopté en première lecture
Il devait bien sûr suivre le parcours normal de tous les textes législatifs, et passer devant le Sénat pour revenir devant l'Assemblée nationale en seconde lecture pour un vote définitif. Le Sénat, après examen par la commission des Affaires sociales, votait le 5 février 2002, un texte reprenant et complétant le texte de l'Assemblée nationale.
Le 6 novembre 2002 à Paris, les seconds Etats généraux de l'ostéopathie se transforment en une association loi 1901, la Coordination nationale des ostéopathes (C.N.O.).
L'union des ostéopathes devient réalité !
La dictature de l'urgence
Depuis des lustres, je lutte contre l’usage abusif de terminologie inadéquate dans le cadre de la pratique quotidienne de la Médecine Ostéopathique.
La langue française est très riche et chaque mot a une définition précise qui doit correspondre à son utilisation réelle.
J’entends et je lis régulièrement l’utilisation du terme « urgence » au cours de réunions ou à la lecture de textes spécifiques à notre Art.
Depuis des dizaines d'années de pratique je n’ai jamais vu d’ « urgence » dans mon cabinet !! Par contre, j’ai rencontré beaucoup de gens pressés !!
Ne donnons pas à nos adversaires des bâtons pour nous faire battre !!
Arrêtez d’utiliser ce grossier abus de langage : les URGENCES c’est le 15, le SAMU ou le 18, les POMPIERS.
Je vous laisse apprécier le texte ci-dessous qu’un confrère et ami, Bertrand ROCHARD D.O. (G.B.) a rédigé pour le site du S.F.D.O. et que nous reproduisons pour vous avec leur aimable autorisation.
Fernand-Paul BERTHENET D.O. (G.B.) - Président de la Chambre des Nationale des Ostéopathes
Nous sommes dans un usage du temps accéléré.
C’est l’époque qui veut cela : rien n’est plus pensé dans la durée.
Tout va plus vite, la sphère personnelle comme le reste. Bien sûr, Internet nous a habitué à l’instantanéité des réponses.
C’est la « @Société ». Tout y est emporté par la dictature de l’urgence, y compris la santé.
La règle du « tout et tout de suite » a aussi gagné la médecine.
Preuve en est, le nombre croissant de patients engorgeant les services d’urgence.
Dorénavant cette règle s’applique également aux consultations d’ostéopathie.
Il est de plus en plus fréquent qu’une demande de rendez-vous soit accompagnée de la formule « en urgence », quand ce n’est pas : « je viens de me bloquer, pouvez-vous me prendre entre deux consultations ? ».
Le comportement de ces patients pressés est le reflet d’une façon de vivre contemporaine qui n’accepte pas d’attendre : j’ai un problème, mon cas doit être traité en priorité. Ces personnes ne souffrent plus (si l’on peut dire !) le moindre délai, ne supportent pas la moindre entrave à leur bien-être, encouragées dans cette attitude par les messages véhiculés en permanence par les médias. Ce sont, particulièrement en milieu urbain, des adeptes du « zapping » : ils multiplient les appels sur les Pages Jaunes jusqu’à ce qu’ils obtiennent un rendez-vous à leur convenance. Certes il existe encore des patients pour qui la recherche de la compétence passe avant l’urgence.
Lorsque l’ostéopathie était peu répandue, c’était essentiellement le bouche à oreille qui permettait de se faire un nom. Actuellement cela existe encore. Mais il faut bien reconnaître que la multiplicité des plaques d’ostéopathes (ou de sensés tels !) facilite le nomadisme. Par définition, ces patients nomades ne sont pas fidèles et ne s’intègrent que rarement à une patientèle.
Quelle attitude doit avoir l’ostéopathe face à cette demande de rendez-vous « en urgence » ?
Deux cas de figure peuvent se présenter. Soit, le planning est saturé, ce qui est fréquent chez les anciens, et donner un rendez-vous sans délai pose problème, mais il est toujours possible d’orienter le patient pressé vers un confrère. Soit, comme c’est souvent le cas chez les jeunes praticiens ne débordant pas de travail, le consultant peut être vu le jour même.
Bien entendu cette notion d’urgence n’a rien à voir avec la sauvegarde d’un principe vital comme c’est le cas dans l’infarctus. La notion d’urgence ici ne tient qu’à l’impatience d’être libéré d’une douleur, parfois aiguë certes, mais souvent d’une simple gêne voire d’un inconfort.
Qui plus est, lors de l’interrogatoire, il n’est pas rare de découvrir que cette soi-disant urgence concerne un problème datant … d’une semaine et plus, quand ce n’est pas le désir de se sentir « au top » avant le golf du week-end !
De ce fait, il devient de plus en plus difficile de percevoir, lors de la prise de rendez-vous, la véritable acuité de la plainte, à tel point que le cas de certains patients, moins exigeants sur la nécessité d’agir vite, justifiant réellement d’un rendez-vous prioritaire, peut passer au second plan. Et pourtant, c’est le devoir du praticien de le discerner. Une organisation de l’agenda peut prévoir des créneaux libres pour ce genre de situation.
L’urgence dont on parle se caractérise le plus souvent par un trouble musculo-squelettique aigu, le lumbago ou le torticolis représentant sans aucun doute les cas les plus fréquents. Certes les patients ont souvent le sentiment que plus vite on s’occupera de leur problème, mieux ce sera.
Trop attendre n’est pas une solution, mais un traitement prématuré peut ne pas être la meilleure option, notamment lorsqu’un effort ou un faux mouvement sont identifiés comme cause initiale.
Cela demande réflexion : en effet, dans les heures qui suivent le déclenchement, il n’est pas exclu qu’il puisse exister une inflammation tissulaire, résultat d’une atteinte à l’intégrité des tissus (entorse, élongation, voire déchirure). Intervenir « à chaud », selon la formule des patients, demande alors beaucoup de précautions, tout d’abord pour identifier la lésion, ensuite pour agir à bon escient.
Dans certains cas, le dommage est tel que tout traitement immédiat peut s’avérer inutile. Il peut même être judicieux de savoir gagner du temps en immobilisant ou en conseillant du repos avant de traiter, de façon à intervenir dès que l’inflammation commencera à régresser.
Il est nécessaire cependant de nuancer le propos. Il serait anormal, par exemple, de ne pas examiner rapidement un enfant qui souffre, ne serait-ce que pour calmer l’inquiétude des parents.
De même, certains « blocages » peuvent être pris en charge sans délai. C’est notamment le cas des problèmes thoraciques, vertébraux ou costaux, qui peuvent entraîner de violentes douleurs faisant craindre au patient un problème cardiaque, surtout s’il existe une difficulté respiratoire.
La région dorsale, plus rigide et moins dense en masse musculaire, toute proportion gardée, est susceptible d’états aigus mais moins invalidants que les lombes ou la nuque. De ce fait, le traitement apporte un soulagement bien souvent immédiat.
Ce qui est certain, c’est que la disponibilité de l’emploi du temps n’est pas une raison suffisante pour répondre à ces appels « en urgence » sans le moindre délai. Baser sa publicité sur la rapidité de l’intervention est une erreur.
Lu sur la carte d’un jeune professionnel : Disponible entre 7 heures et 22 heures. Promouvoir ceci comme argument publicitaire est une vision à court terme et ce n’est certainement pas le meilleur moyen d’établir durablement sa réputation. SOS OSTEO, 24 heures sur 24, séances rapides, voilà ce qui est proposé désormais à ces patients pressés… Mais où est l’ostéopathie dans cette précipitation ?
La vocation première des ostéopathes n’est pas d’être des urgentistes.
Lors d’une crise aigue, la priorité est de soulager. Pendant cette phase, toute analyse de fond est en général impossible, le corps n’ayant pour seule loi que la recherche d’une attitude antalgique.
L’important sera ensuite de comprendre les raisons endogènes ayant pu être à l’origine du problème aigu afin d’y remédier. C’est là que le travail de l’ostéopathe, « ingénieur anatomiste » comme le définit Still, reprend toute sa place. Encore faut-il convaincre le patient pressé de cette nécessité !
Ce qui doit compter avant tout c’est d’être en mesure d’assurer le meilleur résultat. Certes il serait malencontreux de ne pas répondre à une demande justifiée, mais il ne faut jamais précipiter un rendez-vous de peur de perdre un patient. Il est indispensable d’obtenir un minimum d’informations sur l’urgence de la demande afin de fixer le rendez-vous, ni trop tôt, ni trop tard.
En toutes circonstances, c’est le bon sens qui doit prévaloir.
Bertrand ROCHARD D.O. (G.B.) - Ancien Président de l’A.F.D.O. - Co-fondateur du S.N.O.